Comment lalangue affecte le corps
Roger Litten
Dans son cours du 12 mars 2008 (« La psychanalyse liquide »), Jacques-Alain Miller esquisse une approche des évènements de corps à partir de la distinction du langage et de lalangue.
Il considère d'abord l'inconscient au niveau du langage, l'inconscient structuré comme un langage, indexé sur l'existence de l'Autre. Il suggère qu'à ce niveau l'inconscient a le statut d'une hypothèse, il doit être considéré comme hypothétique par rapport à lalangue. Au niveau de lalangue, l'inconscient pourrait plutôt être envisagé en termes d’un savoir-faire avec la jouissance.
Il esquisse deux modes d'interprétation alignés sur la distinction du langage et de lalangue, l'un indexé sur le sens du désir, l'autre sur la modalité de jouissance. Ces deux modes d'interprétation correspondent à deux usages de la parole en analyse, l'un sur le mode de la communication et l'autre sur le mode de la satisfaction. « La distinction ici de la communication et de la satisfaction recouvre la distinction du langage et de lalangue ».
Cela l'amène à envisager deux versions de la fin de l'analyse : l'une comme la résolution des énigmes du désir ; l'autre pas tant en termes de sens nouveau que de « nouvelle satisfaction ». C'est ici qu'il introduit la question des affects, « des affects qui restent énigmatiques, et qui sont à rapporter à la présence de lalangue ». Lalangue est ici à considérer en termes « des affects singuliers qu'elle engendre dans le corps ».
Miller relie cette question des affects avec l'écart entre « ce que le sujet est capable d’énoncer et ces affects refermés sur leur énigme », citant Lacan : « Les effets de lalangue vont bien au-delà de tout ce que l'être qui parle est susceptible d’énoncer ». Il suggère que c'est à ces affects, aux effets de lalangue, que Lacan donnera plus tard leur plein développement en impliquant les événements du corps, à comprendre comme des événements de jouissance.
Traduction: Dominique Gentes